Vis ma vie d'autrice confinée 2

Exaspération !

Je n'ai même pas eu le temps d'écrire mon journal tant j'ai été submergée par les problèmes informatiques et par la "continuité pédagogique".

Au bout d'un moment, entre la préparation des repas (ben oui, y'en a un de plus puisque d'habitude, c'est cantine, le midi), quelques incursions dans mon propre travail (peu), la sortie du chien, la fabrication de gel hydroalcoolique, les courses pour mes parents, l'impression des autorisations dérogatoires et tout le toutim, je me suis finalement fendue d'une lettre à (la très chouette) professeure principale de ma plus jeune fille :



"Chère professeure principale de la classe de ma fille,

Je voulais vous faire part de quelques remarques concernant la continuité pédagogique.

Sachez tout d'abord que celles-ci ne sont en aucun cas tournées contre les enseignants que j'ai toujours à coeur de défendre (et pour cause* ;-)!): Il est vraiment difficile de s'organiser, à la maison, avec les devoirs à faire. Nous, parents, devons mettre en place un emploi du temps, aller sur plusieurs plateformes différentes (pronote, ENT, CNED), faire le tri des informations, imprimer, expliquer le travail, surveiller que nos enfants se mettent VRAIMENT au travail (et c'est pas simple), répondre à leurs questions, réexpliquer, passer l'ordinateur dont nous avons besoin pour notre propre télétravail, vérifier que c'est compris, que c'est fait, que c'est transmis aux professeurs, etc.
Cela est très chronophage, engendre beaucoup de stress de part et d'autre et est difficilement compatible avec notre propre organisation professionnelle et la vie de famille confinée.

Je sais qu'on vous a demandé d'assurer la continuité pédagogique et c'est tout à votre honneur, mais la plupart des parents avec qui j'ai discuté ont du mal à s'en sortir, à fortiori s'ils ont plusieurs enfants, et encore plus s'ils sont en télétravail (alors je n'ose imaginer celles et ceux qui sortent travailler).
Pour ma part, j'aimerais aussi pouvoir honorer mes propres contrats de travail et pour l'instant ce n'est pas possible (même si mes employeurs sont très compréhensifs).

Je ne sais pas ce qu'il est possible de faire et suis partagée entre la volonté de bien faire et d'assurer à mes filles la scolarité dont elles ont besoin, et le lâcher prise nécessaire pour faire face à cette situation angoissante et que chaque famille puisse la vivre le plus simplement possible.

Voilà, je vous livre en vrac mes ressentis qui sont aussi ceux de nombreux parents. Sachez que j'ai bien conscience que pour vous, ce n'est pas simple non plus.

J'aimerais si possible que vous en parliez avec vos collègues, tout en précisant bien que ma démarche n'est motivée que par la volonté d'un échange positif et bienveillant entre professeurs et parents, nécessaire pour que nous puissions harmoniser les activités de nos enfants avec la vie quotidienne et nos propres activités, et que nous vivions tous cette situation avec sérénité.

Je vous remercie par avance de votre compréhension,
Prenez bien soin de vous
Sophie NOËL"



* je suis moi-même enseignante